Le 26 mai - Nouail -


« La paix avec les autres, avec soi, est une victoire qu’on ne gagne qu’après s’être vaincu soi-même »

René Ouvrard

Départ à 8h30. Nous repartons par la route effectuée hier, retraversons les incroyables Chott jusqu’à Kebili, pour rejoindre Nouel qui sera notre porte d’accès au désert.

La flûte magiqueCe matin, l’école maternelle de ce « village » de 12 000 habitants nous accueille. Ayant pris un peu de retard au départ et en route, il nous reste une bonne demi-heure d’échange avec ces enfants. Cette arrivée d’étrangers en nombre les apeure et les pleurs se font entendre. Walid transforme les larmes en sourires par un petit chant mimé, mettant les enfants à l’écoute pour l’ambiance musicale animée ensuite par Cathy, avec de nombreux instruments, clôturée par une jolie comptine.

Il est déjà l’heure du déjeuner et les caravaniers sont répartis en groupes de deux, cinq ou neuf, puis conduits dans les quelques familles du village chez qui nous sommes invités. Partages privilégiés en petits comités, permettant un échange plus profond et une meilleure compréhension de la vie locale. Le village est habité par cinq familles principales qui se sont mélangées dans les différents quartiers ; la désertification progresse doucement et des outils de prévention sont mis en place pour protéger Nouel des 120 jours de vent fort qui souffle chaque année. Tous ces sujets sont abordés autour d’un bon couscous nous est offert, avec la petite salade habituelle, du petit lait ou du jus de dattes, des fruits, des dattes et le thé à la menthe. Nous remercions ces belles personnes qui nous ont ouvert la porte de leur maison, et bien plus… Belle leçon d’humilité.

Avant de partir rejoindre le campement au cœur du désert, une autre pause emplettes est organisée pour les achats de chaussures berbères qui ressemblent aux babouches, de chechs qui seront bien utiles les jours suivants et de tuniques.

En route vers le campementNous quittons ensuite le village en direction de la piste qui conduit au campement. Chacun prépare son balluchon que deux 4x4 se chargent d’acheminer, avec les enfants et quelques caravaniers pour qui le trajet à pied ou à dromadaires seraient trop éprouvant. Enfin, notre caravane de 11 dromadaires et 20 marcheurs s’engage sur la piste sous le soleil déclinant. Les chechs sont déjà bienvenus, noués habilement autour de nos têtes par les chameliers ou les caravaniers tunisiens. Pour certains, l’entrée dans le désert est une grande première, l’émerveillement est palpable. Très vite, nous quittons la piste pour avancer sur un terrain varié, parsemé d’une végétation xérophile que les dromadaires arrachent à droite à gauche. Certains marcheurs prennent un peu le large pour profiter sans attendre des dunes, du sable chaud et si fin, et du silence englobant et porteur. L’heure et demie annoncée se transforme en 2h30. Quelques haltes permettent aux méharistes d’offrir leurs dromadaires aux marcheurs désireux d’essayer cette montée sur bosse chaotique et aux marcheurs égarés de rejoindre le gros de la troupe. C’est ainsi qu’en une heure de temps nous avons complètement changé d’univers, passant de la ville grouillante d’activité à un espace infini qui nous happe et nous transfigure à notre insu.

Parvenu au dernier tiers du parcours, le soleil plonge rapidement derrière l’horizon, et c’est sous un ciel étoilé que nous poursuivons, enveloppés d’une lueur irréelle qui nous emporte vers notre destination. Nabil nous demande de nous regrouper pour ne pas nous perdre dans cet infini.

Soudain, une lumière rose-dorée émerge tout au loin. Comme par magie, la fatigue s’envole ; il reste une demi-heure de progression trébuchante sur ce terrain mouvant tantôt dur, tantôt si mou que nous nous enfonçons jusqu’aux genoux. Finalement, nous nous rapprochons très vite du camp, aveuglés par un puissant projecteur alimenté par un groupe électrogène bruyant.

Le campement dans le désert 

L’équipe de Nabil et les caravaniers arrivés en jeep nous accueillent avec une grande démonstration de joie sans réaliser encore complètement le nouvel univers dans lequel nous sommes. Soudain, un groupe de musiciens traditionnels fait irruption devant les 10 tentes blanches qui vont nous accueillir : percussions et flûtes résonnent sous le ciel constellé. La plupart des caravaniers rejoignent cette ambiance musicale revigorante qui chasse la fatigue en quelques sons puissants, tandis que d’autres auraient préféré rencontrer le silence. Malgré tout, l’accueil si chaleureux l’emporte et la fête est belle.

Accueil musical au campement

La soirée passe vite entre l’installation dans les tentes de six personnes et le repas servi sur les tables basses de la grande tente berbère.

La nuit sera bercée par le vent qui se met à cingler sur les toiles de tente, alors que trois ou quatre amoureux des grands espaces passeront la nuit dehors et se réveilleront ensablés.

Une Association au Logo et à l’élan magnifique.

جمعية نبض الحياة بنويلDeux bras qui se rassemblent par la main pour dessiner un cœur ! Voilà le logo de l’association ‘Les cœurs qui battent pour la vie’.  Elle est en grande majorité composée de jeunes aux talents et à l’élan généreux remarquables. Un de ces jeunes nous a emmenés, Françoise et moi, chez ses parents pour le repas. Une maison vaste construite en carré et au centre une cour où toutes les pièces se distribuent.  Ahmad nous présente ses parents et bientôt nous mangeons à trois autour d’une table basse. Nous faisons l’inventaire de la famille, des enfants certifiés avec des métiers d’ingénieurs. Ahmad, 17 ans en août, passera son bac dans 2 ans.  L’intelligence, la réflexion de ce garçon est impressionnante de justesse et de conscience. Certes il bâtira demain un monde responsable et si beaucoup de jeunes tunisiens possèdent ces qualités, la Tunisie pourra devenir un exemple pour tous les pays arabes et les nôtres, occidentaux. Je le vois dans quelques années aussi réfléchi que KaÏssa rencontré à Sfax mais avec une confiance plus sûre de ses congénères.

Le Papa est agriculteur, il a une palmeraie de 4ha environ et le revenu semble suffisant pour la famille. La Maman est mère de famille avec cent métiers lui fais-je remarquer et elle acquiesce. Le père comprend un peu le français et Ahmad prend soin de traduire à ses parents. Beaucoup d’attention de la part de ce jeune qui parle l’anglais encore mieux que le français et aussi l’allemand. Après le bac, il pense aller étudier en Angleterre.

Notre repas fait de couscous partagé dans le même plat, d’une salade et pastèque, se termine quand la petite sœur 8-9ans, arrive le sac d’écolière sur le dos. Un visage radieux, épanouie elle nous salue, une bise joyeuse !

Les parents se concertent et deux minutes plus tard, le père revient avec deux boites de deux kilos de dattes. Vraiment la générosité n’a pas de limite ici. Nous échangeons nos adresses courriel et promettons à Ahmad de poursuivre nos échanges d’autant qu’il aime écrire. Nous quittons les parents, Ahmad nous raccompagne sous un soleil torride, aussi chaud que celui qui palpite dans mon cœur.

Oui, Marc, l’Homme est beau et il brûle d’Amour !

La page facebook de l'association.

Claude

Nomade

Petit enfant nouveau né
Adore se promener… Nomade
Sur les branches balancées
Ou sur un ventre dansé… Nomade 

Petit enfant du désert
Vogue vogue sur sa mère… Nomade
Elle ne le pose jamais
Le sable l’engloutirait… Nomade

Il ne sait rien des frontières
Il marche vers la Lumière… Nomade
Il a pour toute prison
La ligne de l’horizon… Nomade

Maman n’arrête jamais
La promenade entamée… Nomade
Enfants ne tuez jamais
En vous le désir nommé… Nomade

Chanson de Michèle Bernard


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