Le 8 novembre - Village Karo -

28 Teqemt (février) 2008

« Cultivez votre bienveillance de telle sorte qu’elle embrasse toute l’humanité et le monde entier »
Chef Seattle

15 personnes avec Marc partent à la rencontre des Karos autour du piano.

3h sur une piste longue et tourmentée pour arriver au village des Karos. Peu avant l’arrivée, un homme carabine sur l’épaule, ceinture de cartouches, est posté au carrefour comme pour nous indiquer le chemin. ,

Quatre mains et bisouAu village, des enfants et des adolescents au visage peint de traits ou points blancs, quelquefois orange ou encore bleus, parfois aussi le corps, viennent à notre rencontre. Des femmes pratiquent avec nous le baise-main suivi de l’accolade du bonjour. Femmes et jeunes portent un petit bâton ou des fleurs sous la lèvre inférieure ; tous ces visages sont des œuvres d’art. Une femme fait sonner entre eux tous les bracelets qu’elle porte sur les avant-bras.

Le piano est installé sur une petite place à l’ombre des acacias. Les villageois l’entourent immédiatement. Derrière Marc, un vieux l’air placide le petit banc dans une main, de l’autre sa kalaknichov pointée vers le piano. Un peu plus loin, des petits se dandinent au son des notes. Une vieille femme émue est à côté de Marc. Un homme lui explique comment accompagner Marc. Elle s’applique sur le piano et se laisse embrasser à la fin de la partition avec réserve et pudeur. Une femme très âgée s’applique elle aussi sur les touches du piano et regarde Marc pour partager son émotion. Chez tous ceux qui se succèdent, on sent le plaisir monter au fur et à mesure des notes jouées et les regards de gratitude se tournent alors vers Marc.

Mais qu'y a-t-il sous ce couvercle ?A côté, un cercle d’hommes habillés à l’européenne palabrent. Plus loin, dans un coin, des creux dans la terre avec des petits cailloux. Un jeu en attente sans doute. Femmes et enfants sont assis avec des caravaniers, les enfants veulent donner la main se faire porter. Un bambin joue avec un billet de 5 birr. Un peu en retrait, un couple d’anciens très dignes est agenouillé et regarde chacun passer.

Les anciens très dignes

Le piano est ensuite installé au dessus du fleuve Lomo. Ce sont plutôt des jeunes qui partagent ce moment de musique avec Marc. Ils se « lâchent » plus facilement.

Au bord du fleuve Omo, piano et kalachnikovsSur le côté, les enfants se jettent avec plaisir dans la pente sous nos yeux stupéfaits. Le fleuve Omo est en contrebas.

La pluie qui menace nous presse de partir. Les enfants nous accompagnent et courent à côté des voitures jusqu’à la sortie du village.

Le chemin de retour pour Lugera est perturbé par la montée des eaux de la rivière. Nous attendons une petite heure que les remous cessent pour pouvoir traverser.

Après le repas nous rejoignons un groupe de jeunes gens qui chantent et dansent. Les filles se tiennent par les épaules en 2 groupes qui se rencontrent puis reculent. Les garçons chantent en cercle en tapant dans les mains. Par 2 ils rentrent dans le cercle en sautant sous le regard des filles. Elles choisiront le garçon avec qui elles iront – disent certains – finir la soirée dans les bois.

Témoignage

« Pendant que Marc joue du piano, une foule se masse autour du pick-up. Je m’assieds un peu plus loin. Trois jeunes qui parlent un peu anglais me rejoignent. Nous faisons connaissance et je leur précise qu’on peut discuter mais je ne vous donnerai rien. Si c’est pour quémander allez voir d’autres touristes. Bona l’un des jeunes me montre un homme avec une belle coiffure qui passe. Il a un port altier et semble être un homme important du village. C’est mon père me dit- il. Il me propose ensuite d’aller voir sa maison. C’est une case avec des murs en bambou surmonté d’un toit conique. L’intérieur est sombre et l’atmosphère très enfumée. D’autres jeunes sont installés et un bébé dort sur une natte posée au sol. Je m’installe, on se présente. Je réalise que je suis seule et qu’aucun caravanier ne sait où je suis. Je sors pour informer Bassam du lieu où je me trouve.

Le bébé se réveille et pleure. Une jeune femme le prend au sein pour l’apaiser. Les échanges ont eu lieu en anglais, c’est donc que ces jeunes ont été scolarisés. Bona me propose de visiter l’école du village. Mais l’heure a tourné et nous rejoignons le piano. Bona s’y installe, ravi, pour jouer avec Marc. »

Estelle


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