Le 5 août - J14_Kyirong - Tibet

Paix, Heiwa, Chanti, Salam*

 Nous sommes à l’aube de la journée fatidique de la Caravane Amoureuse. Il est temps pour nous de passer la frontière pour entrer au TIBET. Encore un peu secoués par le long trajet tonitruant de la veille, nous nous dirigeons vers la douane.

C’est à pied que nous parcourons le dernier kilomètre sur une route boueuse népalaise, longeant un précipice d’un coté et de hautes montagnes de l’autre.  Sur le chemin, des rochers se décrochent et manquent de percuter de très peu une partie du groupe. Cela nous rappelle que nous ne sommes pas venus jusqu’ici sans risques. Rentrer au TIBET se mérite.

 

Un camion transpercé par un rocher  est garé sur le côté de la route ! 

Le décor qui s’élève devant nous est imposant. Au bout d’une route étroite, au milieu d’un paysage éblouissant, s’élève un immense bâtiment moderne blanc en forme d’arc, surmonté de caméras : la douane chinoise. Cette vision en dit long sur la volonté de positionnement politique de la CHINE. Solennellement, nous nous en rapprochons. Nous avons tellement attendu cet instant que nous en sommes troublés.

 

Arrivés à la frontière, nous nous installons en file indienne, nos passeports à la main. Le silence et le sérieux imprègnent nos rangs. Nos bagages sont pulvérisés de désinfectant. Ils seront fouillés un à un, et gare à ceux qui les avaient fermés à clé. Au final, notre passage, certes impressionnant, se déroule sans encombres, autant du côté de la Caravane que de l’équipe de production. Un petit chien blanc que nous avons baptisé Milou nous a suivi tout au long de notre parcours. Certains êtres vivants ont encore le droit à la liberté…

Nous sommes accueillis chaleureusement de l’autre côté par nos guides et nos conducteurs des trois minibus nominatifs. Bien entendu, nous avons l’interdiction de nous déplacer seuls trop loin sans surveillance. D’ailleurs, aucun de nous ne possède de visa individuel sur son passeport. Nous sont remises dignement de longues et magnifiques khatas blanches.

Afin de marquer ce moment fort, Cathy nous invite à offrir le chant « Paix, Heiwa, Chanti, Salam » de ses amis du groupe “Coeur de SOHA” qui n’ imaginaient sûrement pas que leur chant résonnerait jusqu’au TIBET.

 

Nous embarquons dans les minibus et nous découvrons les superbes infrastructures routières chinoises ( quel contraste avec celles du NEPAL  ! ) équipées de multiples portiques munis de caméras et de flashs. Nous passons d’autre part plusieurs points fixes policiers où nos passeports sont à nouveau vérifiés individuellement.

Arrivés à KYIRONG, nous allons manger dans un restaurant où il nous est possible de faire du change. Dès l’installation à l’hôtel pour une nuit, les caravaniers se réunissent dans le grand salon puits de lumière donnant sur les balcons qui desservent les chambres. Les draps de l’hôtel sèchent sur les rambardes.

 

Pendant le quartier libre qui nous est proposé, certains restent se reposer à l’hôtel, d’autres suivent Michel pour la visite du monastère du centre ville où des femmes moines sont en train de prier. Le porche en bois donnant accès à l’enceinte du monastère est magnifiquement décoré. Nous le franchissons et découvrons ses murs extérieurs décrivant chacun des univers différents (paysages de LHASSA avec le Potala, Bouddha, plusieurs divinités hindoues...).

En quittant ce lieu, nous remarquons un attroupement d’enfants et d’adolescents. La guide nous explique alors qu’il s’agit de tibétains des campagnes alentours qui viennent passer la semaine au pensionnat pour étudier en ville. Samuel invite un des enfants à venir jouer du hang puis le groupe se met en cercle avec eux pour danses et chants bretons entraînés par Claudia.

 

Viennent ensuite les sons de l’accordéon et de la flûte qui animent les rencontres. Après une approche timide des locaux, une ambiance joyeuse de partage illumine tous les regards.

Un petit groupe part à la recherche d’un lieu pour avoir un cliché radiologique du poignet de Martine, qui a dû être immobilisé suite à un appui malencontreux. La découverte de l’hôpital local n’a pas été sans surprise et l’attelle mise en place par le médecin est quelque peu surprenante mais efficace : une bouteille en plastique.

 

Notre première approche tibétaine, très imprégnée de l’influence chinoise, se termine avant de gravir le lendemain les hautes altitudes himalayennes.

 

*Le mot paix en quatre langues différentes (français, amérindien, indien et arabe)

 TEMOIGNAGES

Témoignage de Claudia

Aujourd’hui est un grand jour, nous allons passer la frontière entre le Népal et le Tibet tous les quarante-sept. D’après Michel, cela ne s’est jamais fait auparavant. J’ai en tête la phrase du guide tibétain « Et si la caravane amoureuse ne va pas au Tibet, qui le fera ? ».

Le piano est resté à KATMANDOU, je le regrette, mais la route chaotique de la veille a allégé ma déception, le piano aurait très probablement beaucoup souffert.

 Ce matin, je descends un peu avant le rendez-vous pour le petit déjeuner et je croise Alex devant l’hôtel, des cartes postales à la main. Il est venu il y a quatre ans photographier de jeunes enfants népalais dans la montagne, juste au dessus de TIMURE. Une des cartes a été primée et il aimerait retrouver ces enfants pour leur donner une partie de l’argent qu’il a gagné grâce à eux. Je suis très touchée par cette attention, il est vraiment chouette cet Alex, et la carte est en effet magnifique (carte postale ci-dessous). Malheureusement, il ne les verra pas malgré un passage par l’école, les enfants, pensionnaires la semaine, sont chez eux ce dimanche.

 Le petit déjeuner touche à sa fin quand notre précieuse Mélanie nous annonce que les pluies très fortes de la nuit ont provoqué un éboulis et qu’il faut rejoindre la frontière à pied. Cela n’est pas très grave, la frontière est à 1 km. Nous avons tous soigneusement préparé nos bagages pour que cela se déroule au mieux. Je croise les doigts pour que l’équipe de production puisse faire passer tout son matériel.

 La marche se passe tranquillement dans un décor toujours aussi grandiose. La rivière boueuse est déchainée, les montagnes sont si hautes et leur pente si raide, qu’on ne voit pas leur sommet. Je ressens bien les forces de la nature invoquées l’avant-veille par notre ami chamane Bohla. Je suis pleine de gratitude devant notre « Terre Mère » … puis je tourne la tête à droite et une autre émotion me parcourt : la remorque d’un camion sur le bas côté a été transpercée par un énorme rocher, cela fait froid dans le dos.

 Quelques minutes plus tard Sylvie et Françoise un peu pâles nous racontent qu’elles viennent tout juste d’éviter des blocs tombés suite au passage d’un camion.

 Nous y sommes, plus que 300 m à parcourir. Michel nous rassemble une dernière fois pour nous communiquer ses recommandations : « Restez bien alignés dans l’ordre de vos passeports, ne prenez plus de photos, ne portez pas de chapeau pour la reconnaissance faciale, évitez de trop parler, imaginez vous en méditation pendant 1h et toujours un ciel bleu au dessus de nos têtes ».

 Je suis concentrée, la tension est palpable mais je suis confiante et positive.

 Un premier contrôle népalais se passe rapidement. Nous franchissons la rivière matérialisant la frontière sur un pont bien fragilisé. Toujours en ligne, nous nous présentons au contrôle chinois. C’est à ce moment là que Françoise S. apparaît d’une autre couleur sur la caméra infrarouge. Le contrôleur masqué, lui demande de prendre sa température, moment de flottement, nos regards se croisent, légère inquiétude, 38,1°C. Ouf c’est bon, soulagement général.

 L’inspection des valises commence en parallèle, la 1ère ok, la 2nd ok, etc, … et en parallèle les caravaniers passent un à un après prise des empruntes digitales.

Amélie vient me voir et me dit : « Je te propose de diffuser une énergie d’amour pour ce lieu et toutes les personnes qui s’y trouvent, plus nous serons nombreux à le faire et plus l’énergie sera forte », je l’accompagne dans cet élan.

 Vient le contrôle du Hang, regards curieux et amusés de la part des deux douaniers, l’un deux tape dessus avec ses gants blancs. Ce spectacle surréaliste inspire Samuel qui nous dit « Je cherchais justement des variantes dans la façon d’utiliser mon Hang et je n’avais pas pensé à mettre des gants, merci pour l’idée ! ».

 Puis vient le tour du drone, Françoise S. est à côté, je la vois échanger puis se retourner vers nous le pouce levé, c’est extra. Elle me dira plus tard que les douaniers lui ont dit « Oh, c’est amusant, cela fera de jolies images ».

 Je suis ravie, tout est fluide, nous sommes maintenant plus nombreux au TIBET qu’au NEPAL

 Autre anecdote, Monique me raconte son passage côté TIBET : « J’ai regardé le douanier dans les yeux avec un grand sourire en pensant - tu es comme moi, nous sommes pareils, tu peux me faire un sourire - et là, le douanier m’a fait un léger sourire et m’a fait signe de passer sans contrôle des empreintes ». Super Monique, c’est génial.

 Voilà, c’est fait, tout est calme, Michel annonce que nos nouveaux guides vont nous remettre les katas et contrairement à ce que nous pensions, l’équipe de production est autorisée à filmer.

 Naturellement, je me retrouve entourée de deux caravaniers, nous sommes désormais les uns à côté des autres et non plus les uns derrière les autres. J’aime sentir cette chaleur, cette douceur, cette tendresse, cet amour partagé. Nous avons les katas autour du cou et c’est à ce moment que notre Ange Chantal me demande si je sais ou est Cathy pour que nous chantions le magnifique chant de paix déjà chanté au Taj Mahal.

Cathy est là et nous entamons « Paix, Aiwa, Chankti, Salam » tous en chœur. J’ai maintenant quatre ou cinq personnes autour de moi, nous sommes serrés, tous en contact, unis dans la même émotion. La caravane chante, elle est amoureuse, dans un élan de paix, d’égalité entre les peuples et les êtres, elle continue sa route vers de nouveaux miracles.

 

 


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