Le 20 août - J29_Katmandou - Népal

Il est 9h, le piano a été chargé hier soir sur le camion, après le concert.

 Le piano va rejoindre NEW DELHI par la route. Il lui faudra deux jours avant d’être réceptionné par Marc chez MANITOU. Celui-ci devra le remettre dans sa boîte de transport avant de le véhiculer jusqu’à l’aéroport pour son retour en FRANCE.

Avec nostalgie, nous remercions les chauffeurs du camion et leur souhaitons un bon voyage.

 

Visite d’une institution accueillant des personnes handicapeés

 Nous partons en bus afin de visiter l’Institution : « Népal Disabled Association Khagendra New Life Home » à DORPATI, un quartier de KATMANDOU. Les aléas de la circulation népalaise sont incontournables,  nous arrivons très en retard.

Nous sommes attendus et accueillis par un groupe de personnes handicapées, la Directrice ayant dû s’absenter. Krishna, un résident handicapé moteur, sur un fauteuil roulant qu’il actionne avec le menton ou la bouche, nous présente son lieu de vie.

 

Cette association a été créée en 1983 à l’initiative d’une anglaise qui a trouvé divers financements. A sa mort, les résidents se sont trouvés sans ressources et livrés à leur sort...

 

Ce n’est que depuis le dernier tremblement de terre, en 2015, que le gouvernement népalais s’investit dans l’Institution, la seule au népal à recevoir des personnes handicapées. Au financement de l’état s’ajoutent celui de sponsors et la participation des familles qui le peuvent.

Soixante-dix personnes sont accueillies sans limite d’âge et une vingtaine de professionnels sont là pour les encadrer, dont certains bénévolement. Le coût de la prise en charge est de 6000 roupies (50 Euros) par mois.

 Nous faisons le tour des lieux en saluant chaque résident par un « namasté », un sourire, une poignée de main chaleureuse qui se transforme en caresse...

 

Les instruments s’animent auprès de chacun, des chansons sont entonnées par des groupes de caravaniers, les nez de clown créent l’étonnement et les sourires égaient les visages.

 

Des jeux de ballons se mettent en place pour les plus agiles. Le temps passe vite, les émotions se lisent sur les visages, il faut déjà quitter ce lieu qui laissera son empreinte dans les souvenirs des caravaniers.

 

Visite du URGEN TULKU MONASTERY

L'après-midi, nous restons dans le quartier de BODNATH. Nous visitons le URGEN TULKU MONASTERY.
Nous accédons au grand monastère, peint en blanc, par un jardin bien entretenu.

 

Nous sommes reçus par le moine Khempo GYALTSEN assis sous un bouddha doré de l'enseignement. Celui-ci est un moine enseignant qui a terminé́ sa formation monastique il y a vingt-cinq ans. Il enseigne le dharma (enseignement des paroles de Bouddha) à quatre-vingt-dix étudiants.

 

Son but est de transmettre la joie intérieure, il insiste bien sur le fait de ne pas convertir les gens au boudhisme.
Son enseignement repose sur l'écoute, la contemplation et la méditation.
Il nous rappelle combien l'attachement matériel est une illusion de bonheur et nous éloigne de notre quête intérieure.

 Sur le chemin de la sagesse, il nomme les quatre nobles vérités :

  •  Chercher la cause des souffrances,
  •  Prendre de la distance avec les émotions négatives,
  •  S'en libérer et laisser couler hors de soi,
  •  Parvenir au non attachement.

 

Il précise que nous sommes acteurs de ce que nous ressentons, aucune divinité́ ne pouvant nous enlever nos souffrances.
Il insiste sur le fait qu'aucun enseignement ne doit être accepté sans discernement.

Appelés par un gong, nous allons ensuite assister à une cérémonie. Une cinquantaine de moines récitent les cent-huit commentaires de Bouddha au son d'énormes gongs, de trompes et cloches tibétaines. Les instruments résonnent fortement en nous. 

 

 

TEMOIGNAGES

Témoignage d'Anne-Marie

Maison des personnes handicapées  : Une vraie cour des miracles  !

Il y a eu la présentation et je me suis dit  : « Qu’est-ce que je vais pouvoir faire ? Comment partager  ?

J’ai commencé à déambuler parmi les personnes en cherchant une accroche, et puis je fais le tour du patio et vois un jeune homme tout seul dans son fauteuil roulant. Il parlait anglais et j’ai commencé à lui poser des questions sur sa vie. Depuis quand il était là  ?

Il avait 24 ans et était là depuis l’âge de 6 ans. Il n’avait jamais revu sa famille, jamais reçu de lettres, de coups de téléphone. Il m’a invitée dans sa chambre. Je l’ai suivi. J’ai trouvé une chambre bien propre, bien rangée, avec une table, un lit, une armoire. Au mur, il y avait un cadre avec des photos de lui à différents âges, et toujours souriant. Il y avait aussi des médailles. En fait il a gagné des courses de fauteuil roulant !
Il a un Spina-Biphida = une ouverture du canal lombaire. Le liquide céphalo-rachidien s’écoule en dehors de la moelle épinière. Il a du être amputé à cause de l’évolution de sa maladie. Il fait des études de népalais. Il a cours de 6h30 à 10h30. Il a encore 3 ans d’études à faire. Il est bien aidé par Krishna, la responsable.

Puis je me suis demandée ce que je pouvais lui donner et j’ai dit : « Est-ce que ça te ferait plaisir un massage ? » Je lui ai massé les épaules, le dos. Il a posé sa tête sur moi puis je lui ai fait un shiatsu du visage, du cuir chevelu, des mains et des bras. Il était très heureux, il a eu un sourire radieux.

« Comment fais tu pour être si beau avec ta difficulté de vie  ? ». Il a dit : « C’est pas facile, mais j’ai des amis et je vis »

Après j’ai dit : « Tu vas me montrer le reste de la maison  ? » mais le gong du départ a sonné.

 

Témoignage de Viviane

« Beaucoup d’émotion dans ce lieu où je ressens l’importance de notre présence ici.

Ce jeune enfant recroquevillé dans son fauteuil, au regard absent, semble participer à la musique jouée par Chantal avec son accordéon, en se balançant au rythme de la chanson.

Je pose une main sur son bras en rythmant la musique, il poursuit son mouvement et quelques sons sortent de sa gorge. Ces instants de présence frêles et furtifs sont très émouvants.

Il m’est difficile de couper ce lien fragile. La musique, l’espace d’un instant, semble remplacer le vide et l’absence.

Apporter un peu d’amour, de chaleur et de joie dans ce lieu restera pour moi un des moment fort de la caravane amoureuse dans les Himalayas. »

 

Témoignage de Corinne 

Dès les premiers pas dans la cour de ce centre pour personnes handicapées, je me suis sentie en ouverture de cœur et paisible : le handicap me met immédiatement face à l’essentiel, à l’authenticité d’une relation simple avec les personnes rencontrées. 
Après une discussion avec un homme trop heureux de partager avec Céline et moi dans un anglais impeccable, je rencontre une femme particulièrement touchante. Dans un fauteuil roulant, elle tient un ballon dans sa main déformée et c’est comme si nos petites filles intérieures se connectaient au premier regard. Alors que je m’accroupis pour communiquer les yeux dans les yeux, elle m’attrape par le cou pour m’entourer avec son bras. Je me sens accueillie avec une générosité toute simple  : c’est un cœur à cœur matérialisé par deux corps qui se rapprochent, alors que les adultes népalais ne sont habituellement pas des plus kinesthésiques. Ayant reçu cette permission de proximité, je prends un immense plaisir à l’enserrer dans mes bras pour faire un câlin qui la fait éclater de rire, comme s’il s’agissait d’un geste exceptionnel  ! 
Quel merveilleux moment de partage, comme si le handicap gommait de façon magique toute distance, toute différence : deux âmes se sont mêlées, dans une harmonie si simple. Gratitude pour ce moment de grâce…

 

Témoignage de Claudia

Lieu d’accueil de personnes handicapées

Les lieux nous ont été présentés et nous avons maintenant la possibilité de chanter pour nos hôtes. Amélie me fait signe de la suivre dans la chambre d’une vieille dame qui se repose dans son lit. Nous entrons doucement pour ne pas la brusquer, elle est recroquevillée sur elle-même et semble si fragile.

Nous entamons doucement un chant à 2 voix et là, doucement les yeux de la vieille dame s’ouvrent, son regard s’illumine. Elle nous offre un sourire puis un souffle et elle rit. Je suis touchée au cœur, elle rit encore, son regard est d’une intensité surprenante, la magie opère.

Nous posons nos mains sur son corps fragile et continuons à chanter, elle semble beaucoup apprécier et nous murmure des « Namasté » les yeux plein de lumière.

Cet échange d’âme à âme me fait prendre conscience du pouvoir de la musique, langage universel, pour rencontrer l’autre, véhiculer et transmettre l’amour. C’est magnifique, presque irréel, quelle chance de vivre cet instant.

Georgio nous rejoint dans la petite chambre et avec la même délicatesse nous entamons tous les trois le chant « Plaisir d’Amour » revisité : « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chaque grain d’amour dure toutes les vies ….. »

Gratitude pour cette petite dame dont le regard est gravé à jamais dans mon cœur. J’ai reçu une belle leçon de vie ce matin-là.

 


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