Le 7 November - Village Hamer -

27 Teqemt (février) 2008

« L’amour crée une communion avec la vie. L’amour nous ouvre, nous relie, nous adoucit et nous ennoblit »
Jack Kornfield, L’art du pardon, de la bonté, et de la paix

Rencontre avec le roi des Konsos

Rencontre du roi des Konsos (Poqualla en langue Konso) et de ses sujets.

Le roi des Konsos nous parle de ses valeursLe pays des Konsos est riche de 300 000 habitants répartis en neuf clans. Le roi Gazou a le souci de ses villages et du bien-être de ses sujets, et la volonté de valoriser ses traditions. Son village est reconnu patrimoine immatériel de l’UNESCO. L’accès à l’eau potable est une de ses priorités.

La pluie est tombée une partie de la nuit, détrempant le sol, laissant des mares rouges devant les tentes. Le concert d’hier soir reporté à ce matin est à nouveau perturbé : alors que le piano est prêt la pluie reprend.

Sous la tente où nous nous abritons, le roi Gazou nous rejoint. Il parle des pratiques du culte des morts et de la vie quotidienne. Hommes et femmes travaillent ensemble. Les femmes sont respectées pour leur contribution et le soin aux enfants. A la question de Marc sur comment il voit les blancs,  le roi exprime avec simplicité  le fait que si les blancs ont l’éducation, ils se sont éloignés de l’essentiel. Il souligne l’importance de la solidarité entre les hommes et porte l’espoir d’un monde plus humain. Il parle le langage de l’amour.

Le peuple Konso a la volonté de valoriser ses traditions dans le respect de l’environnement.

Caravaniers et Konsos dans une même danse

L’accès à l’eau potable reste difficile. Actuellement, l’eau est traitée avec des cachets, mais pour le roi cette solution ne peut être pérenne. Là encore, quel discours d’espérance et d’amour.


A peine le soleil revenu, les villageois commencent à danser en lançant des youyous et frappent le rythme avec 2 bâtons.

Le concert débute, puis le roi s’assied à côté de Marc et commence  un quatre mains. Un merveilleux moment.

En partant de Konso, Abéjié offre au roi des cadeaux de la part de toute la caravane  (photo Marie-Claire). Nous reprennons la route après une courte marche à travers bois.


Le roi des Konsos et Marc à quatre mains

Arrivée chez les Hamer

Pour la dernière partie du trajet, nous empruntons une piste, le débit des rivières est rapide, les ponts étroits, c’est impressionnant.

Pour rejoindre le village des Hamer, près de Turmi, nous parcourons le dernier km à pied.

A l’approche du village, nous voyons un groupe de villageois s’avancer vers nous en chantant, femmes en tête, revêtues de leur tenue traditionnelle, peau de chèvre décorée de coquillages et de perles de couleur. Nous nous regroupons pour aller à leur rencontre. Les deux groupes se mêlent, nous sommes pris dans leurs chants et dans leurs danses.

Les caravaniers accueillis par les HamersIci, les tenues sont traditionnelles, tuniques en peau de chèvre pour les femmes, bracelets et colliers en perles de couleur, en cuivre, en laiton. Les femmes ont la chevelure enduite d’un mélange de terre rouge et d'huile, gros colliers métalliques pour les femmes mariées. Les hommes un bandeau de perles autour de la tête, et leur petit tabouret à la main.

Les caravaniers installent le piano et une fois encore la magie est là : dès les premières notes les enfants se précipitent pour découvrir l’intérieur du piano, des femmes tapent leur bâton en rythme s’accordant avec la musique. Caravaniers et villageois dansent. Puis les jeunes s’approchent pour le  concert d’émergence.

Quelques gouttes de pluie, vite le piano doit être mis à l’abri.

Un groupe où se mêlent villageois et caravaniers déplace l’instrument accompagné par le chant des femmes !

Au même moment un attroupement se forme autour Janik et Jean-Marc déguisés en clown. Les enfants sont étonnés mais très vite entrent dans le jeu.

Marc partage un temps avec les anciens qui lui témoignent de leur désir d’amour et de paix. C’est le village entier qui nous accueille.

L’étrange étrangeté

Nez Tourouges et Zétranges Tounoirs« C’était bizarre, j’vous dis. Nan, vraiment. J’étais pas là, pis d’un coup j’étais là. Au milieu du... de la  Savane, çà s’appelle. C’est quand y’a beaucoup de terre et de sable, et pis pas beaucoup d’arbustes, et encore moins des arbres. Mais par contre beaucoup de soleil qui chauffe. Des fois, même, quand il chauffe très fort, on dit qu’il tape, et du coup il rend la peau rouge comme le nez. J’étais là à regarder tout çà avec mes yeux Touneufs quand un copain clown m’a pris par la main. Enfin, je dis « copain », mais pour de vrai je le connaissais même pas, en fait. Mais comme il avait les yeux Toudoux, ben je l’ai suivi. On marchait tous les deux, la main dans la main (enfin, la mienne dans la sienne, pour que vous compreniez mieux) quand on a vu des Zétranges. Sacrément Zétranges, même : z’avaient pas de nez rouge ! Et même pas la peau rouge comme quand le soleil il tape trop fort. Ou alors il avait dû taper sacrément longtemps pask’ils étaient plutôt Tounoirs. Et plutôt Tounus à la réflexion. Quand ils nous ont vus, ils ont eu l’air aussi interloqués que nous. Faut croire qu’ils avaient jamais vu des Nérouges. D’ailleurs, pour être sûrS, ils voulaient absolument toucher tout : le nez Tourouge, comme les mains Toublanches (ben oui, paske le soleil il tape pas partout pareil). On a passé un sacré moment à comparer nos couleurs, pis je crois qu’on a réalisé en même temps qu’on avait quand même des Zyeux, des mains et une bouche pour sourire. C’est important pour çà, la bouche. Pis après, la nuit elle est tombée très vite, pis on voyait plus la couleur des Zuns et des Zautres. Juste les Zétoiles dans le ciel, les « Teidzini » comme ils disent. »

Tchoupiote (partie clowne de Janik)


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